Sur les chemins sacrés du Tibet

27.08.2008:

          

Un parcours parmi ces paysages qui malgré leur apparente désolation et austérité côtoie le « magnifique »: sensation propre à chambouler le cœur. Un trajet emprunté depuis la nuit des temps par des millions de pèlerins, pour la réalisation de la «  khora » ce trajet circumvallatoire autour de cette montagne énigmatique à la forme géométrique unique de par le monde le fameux « Kailash » à l'indéfinissable pouvoir d'attraction….

 

 

Fabuleux mont sacré et inviolé : le Kailash

 

 

Départ de MONCER à 4500 m d'altitude, bourgade de la zone occidentale du Tibet prôche de la frontière Népalaise. On y accède par les principales villes du Ngari : Ali et Zandar la plus prôche.Une quarantaine de kms de piste et un large cours d'eau se présente à traverser. Un premier col à 4800m et une première bifurcation en bas de la périlleuse descente rendue plus hardue par quelques 4x4  croisés en sens inverse . Heureusement les nuages de poussières servent de marqueur bienvenu pour signaler auparavant les véhicules sur des pistes défoncées et étroites. Direction à gauche vers le mont Kailash  et Darchen à 7 km. Aprés deux nouvelles traversées de rivière, apparaissent sur les contreforts rocheux des impacts blancs trahissant par leur volume géométrique une création humaine dans cet univers des Dieux: Habitats rudimentaires pour des ermites alliant refuge isolé et abri contre les rudesses du climat .... Au loin la muraille minérale himalayenne où le coton des nuages absorbe le blanc laiteux des neiges éternelles semble barrer la route hors de ce plateau désertique. Localement une maigre vegétation fixe provisoirement des chevaux sauvages ou des hordes de frèles gazelles. L'état des routes est déplorable entrainant son lot d'accidents, et de pannes fréquentes.

 

 

        Mont Gurla Mandata

 

 

     Malgré les conditions climatiques rigoureuse, les tibétains protégés par des cagoules , cache nez, lunettes de ski, bonnets et portant la khata écharpe blanche dévotionnelle, entreprennent pour la khora le voyage de leur vie. Imprégnés par la joie d'approcher au pied du Mt Kailash, une tradition les pousse, lors du passage d'un col, à lancer des prières imprimées sur de fines feuilles de papier coloré, que le vent va se charger de disperser ou bon lui semble.... 

  

 

 

   

 

Tibétaine en pèlerinage

 

Avant Darchen apparaissent sur les contreforts rocheux les impacts blancs qui trahissent par leur volume géométrique une volonté humaine de création : Habitats rudimentaires pour des ermites qui ont trouvé refuge à l'abri des rudesses du climat .... Souvent lorsque apparait la forme si particulière du Kailash et son dôme de neige se détachant comme un immense cornet glacé, les pèlerins touchés d'allégresse font des haltes en brandissant chacun une écharpe blanche sacrée, la « Khata ». Les camions se délestent rapidement de leur chargement frénétique aux multiples vêtements bariolés. A peine descendus lors de ces haltes impromptues, les tibétains se prosternent en direction du Kailash, monument minéral dont l'isolement augmente la splendeur naturelle. Chacun ajoute son offrande, le dépot de quelques pierres et des drapeaux de prières : ces « chevaux de vent » ( Lungta en tibétain). Et si les larmes coulent d'abondance de joie mal contenue c'est aussi une sacrée offrande de l'homme comme une humidification légère et fugace d'une terre trop sèche et aride . De loin apparaissent des centaines de tentes blanches au pied de la montagne. Signe de ce fameux village du bout du monde Darchen où se côtoient touristes, pèlerins, commerçants, militaires…

 

 

                 

 

Le pont de Darchen

 

« Welcome »…un immense portique en béton manifeste son message de bienvenue aux étrangers. Une petite bourgade qui ne s'anime que durant la saison du pèlerinage: ruelles boueuses bordées de restaurants enfumés, un temple bouddhiste, une guest-house en béton trop moderne dépareille l'architecture locale.  Lieu de départ du circuit de pèlerinage où les pèlerins s'installent dans des campements improvisés. Une durée variable liée aux nombre de tours choisis  pour quelques jours ou plusieurs semaines: un seul tour de khora purifie le pèlerin des péchés de l'ensemble d'une vie assurant une réincarnation dans le monde des humains. Douze tours  assurent le retour à multiples vies. Pour atteindre le Nirvana, « l'éveil au cours de cette vie »: Cent huit tours, nombre sacré pour la religion bouddhiste, sont requis. A l'heure du repas les groupes s'agglutinent autour des foyers Au menu, l'incontournable thé au beurre rance de yak et le bol de Tsampa servi dans un bol de bois ( bouillie d'orge grillé trés nourissante et appropriée pour survivre à ces altitudes moyennes de 4000 à 5000 m). Un vieil homme sort de son manteau en peau de yak un morceau de viande séchée dont il découpe de longues lanières les distribuant à ses compagnons de pèlerinage. Un met de choix dans un régime alimentaire plutôt monotone.

 

Ruelle de Darchen

                                           

     Cet unique village sur le circuit de la khora comporte de multiples batisses qui semblent surgir de terre : murs de pierres dont souvent seule la moitié supérieure est habillée d'une couche de terre craquelée un mortier local ! Sur les toits en terrasse séchent les bouses de yaks « l'algol » . Source précieuse de combustible qui souvent occasionne plus de fumée que de chaleur demandée .....production gratuite donnée par les cheptels de bestiaux ! Et en plus un isolant thermique naturel qui retient un peu de chaleur dans ces rudimentaires habitats où les nuits sont glaciales. Dans ce lieu passager d'autres haltes appréciées pour les pèlerins : un rudimentaire mais précieux dispensaire de soins-hopital et l'indispensable épicerie « fourre-tout ». Un point de ravitaillement précieux, les emplacements de ces équipements se font rares et sont très éloignés les uns des autres ! Dans la pénombre se signale l'indispensable bouilloire qui chante sur un antique bidon de tôle recyclé en fourneau, de la viande de mouton en morceaux s'empile garnissant une petite table bancale trop petite. Les murs sont habillés par des monticules de produits de première nécessité qui font ployer les étagères à bout de souffle. Un rayon de lumière illumine le visage traditionnellement souriant des autochtones, celui de l'épicière est amplifié par un reflet métallique du à quelques dents artificielles où l'or est souvent le seul signe de richesse.

 

Campement de pèlerins

 

                            A l'extérieur les détritus composent avec un attirail hétéroclite . On ne sait plus trop ce qui est jeté comme déchets de ce qui peut encore servir : Parmi cet environnement désolé de ferrailles, emballages, trône incongru un billard massif où jouent quelques jeunes .Autre sujet anachronique dans ces espaces de vie qui vivent au ralenti du temps et que seul le vent violent semble vouloir bousculer : des panneaux à cellules photovoltaiques appuyés contre des bidons ou les éléments de batterie font leur « plein » de soleil ! Autre concession moderne au détour d'un bloc de batisses : un modéle réduit de four solaire; Sa calotte en inox permet de concentrer la précieuse lumière pour faire le thé à cette altitude où l'eau ne bout pas ...A 26 km de Darchen le village de Barga, où se trouvent restaurant , alimentation et dortoir–refuge ou « Guest-house ». Un bureau de contrôle des passeports et des mouvements de population . Un chek-point des autorités chinoises rappelant qui domine même dans les contrées les plus reculées du Tibet. bifurcation à droite pour le village et monastère de Chiu au bord du Lac Manasarovar, 13km plus loin avec deux petits cols à franchir.Celà semble le bout du monde et pourtant celà vaut le détour!

 

Le lac salé et sacré de Manasarovar

 

 

                        Barga:  Des batiments ternes allongés qui s'étirent paresseusement le long d'une grande muraille, où s'étale comme une litanie une longue inscription. Dans cette morne plaine de grisaillle quelques paraboles TV font chanter leur touche trop moderne de blanc laqué. A la sortie prendre une bifurcation à droite vers le village de Chiu au bord du Lac Manasarovar que l'on atteint aprés 13km de poussières et le franchissement de deux petits cols. Mais les contraintes de tous ces longs parcours sur des zones arides et monotones sont gommées par les paysages magiques.                                             

           Avant d'arriver au mont kailash on découvre le village de Chiu au bord du lac Manasarovar, les yeux attirés par la face blanche du Gurlu Mandata qui domine le lac de ses 7760 mètres. Paysages splendides où transpire la plus profonde spiritualité et lorsque le soleil décide de se coucher derrière la chaine de l'Himalaya , il éteint sa lampe de chevet sacrée. Celle à la lumière dorée dans ces lieux magiques qui vous embrasent le coeur et donne envie de pleurer........

 

 

                                  

 

 

Monastère de Chiu

         

 

 

               Au sommet d'une colline isolée en forme de chapeau chinois, trône le « Gompa » de CHIU, sobre monastère qui semble déserté. Sur ce curieux monticule conique où fleurissent les éboulis de roche et pierres tranchent à proximitée du sommet quelques batiments blancs à terrasse étagés en redans: la pureté et simplicité d'un monastère ancestral qui semble servir de sentinelle avant d'aboutir aux rives sacrées du lac Manasarovar, lieu traditionnel d'ablutions et de recueillement des pèlerins . Le "Gurla mandata" se dresse comme un phare pour l'éternité parmi les flots du temps impassible ! Autour du monastère cornes de yaks et « Mani do bum »  empilement de grosses pierres gravées du mantra « Om mani padme hum » sont la preuve d'une pensée particulière depuis la nuit des temps de l'homme pour les formes spirituelles....

 

 

 

 

Pierres gravées: Mani

 

Le Mont Kailash est un lieu saint pour le bouddhisme, l'hindouisme, le jaïnisme et la religion Bön : Une expression de la résidence de leurs dieux ou l'axe du monde qui trône à 6714 m. Haut-lieu de pèlerinage, des milliers de croyants font tous les ans le tour de cette montagne ou «  Khora » soit un circuit de 54 km en trois jours. Un seul tour purifie des péchés de l'existence et le nirvana est atteint au bout de 108 tours.....de quoi donner le tournis !. Commençant à Darchen (4575 m), il progresse régulièrement jusqu'au col de la "Dromla la" (5670 m), pour redescendre à son point de départ. Vouloir en atteindre le sommet serait un sacrilège. En respect de ce précepte et de l'interdiction aux alpinistes de tous poils le mont  en forme de pyramide énigmatique n'a jamais été escaladé.
Récemment une découverte par des archéologues russes des vestiges d'une antique capitale  celle de Khyunglung  remet à l'ordre du jour cette croyance locale relative à la légendaire Shambhala « le Royaume caché » ( source de joie en tibétain) un endroit céleste ou vivrait une communauté secrète chargée de guider l'évolution et dont une des « portes d'accès » serait en ce lieu mythique !

 

La khora : tour du Kailash

 

Ici les pierres et les cailloux sont bénis des Dieux ! Même pour les touristes superficiels trop insensibles au domaine du subtil  et dont le cœur est de pierre , c'est la nature qui se venge car la poussière leur fera mouiller les yeux …

 

 


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27/08/2008
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